Autopartage : la France présente un plan ambitieux pour démocratiser les voitures en libre-service

70 000 véhicules en autopartage à horizon 2031. Voilà l’objectif chiffré et ambitieux que le gouvernement français vient de fixer pour structurer et accélérer le développement de cette mobilité partagée sur l’ensemble du territoire. Ce plan stratégique vise à faire de l’autopartage une alternative crédible et accessible à la voiture individuelle, répondant à la fois à des enjeux de transition écologique, de sobriété énergétique et d’aménagement urbain.
Les grands axes du plan national pour l’autopartage
Le dispositif présenté par les pouvoirs publics s’articule autour de plusieurs piliers fondamentaux. Le premier concerne le déploiement physique des véhicules et des infrastructures nécessaires. L’objectif est de densifier l’offre, notamment dans les zones denses et les quartiers prioritaires, mais aussi de l’étendre aux territoires ruraux et périurbains, souvent moins bien desservis. Le plan prévoit un soutien aux collectivités locales pour la création de places de stationnement dédiées et sécurisées, un élément clé pour la viabilité des services.
Le deuxième axe majeur porte sur la simplification et l’harmonisation de l’écosystème. Il s’agit de créer un cadre réglementaire plus lisible pour les opérateurs et les utilisateurs, en travaillant sur l’interopérabilité entre les différents services. L’idée est de permettre à un utilisateur inscrit sur une plateforme dans une ville de pouvoir utiliser un véhicule d’un autre opérateur dans une ville différente, fluidifiant ainsi les déplacements sur l’ensemble du territoire national.
Les leviers de la démocratisation
Pour atteindre l’objectif des 70 000 véhicules, le gouvernement mise sur une série de leviers incitatifs. Des aides financières, sous forme de subventions ou de bonifications, pourraient être accordées aux collectivités qui s’engagent dans des schémas directeurs d’autopartage. Un accompagnement technique est également prévu pour aider les villes de toutes tailles à monter des projets.
Du côté des utilisateurs, des mesures sont envisagées pour rendre l’accès plus simple et plus attractif. L’intégration de l’offre d’autopartage dans les applications de mobilité multimodale (MaaS – Mobility as a Service) est une priorité. L’utilisateur pourrait ainsi, dans une seule interface, comparer, réserver et payer un trajet combinant métro, vélo et voiture en libre-service. La question tarifaire est également au cœur des réflexions, avec l’ambition de proposer des formules adaptées à des usages occasionnels, mais aussi à des besoins plus réguliers, pouvant concurrencer le coût total de possession d’un véhicule privé.
Impacts environnementaux et urbains attendus
La promotion de l’autopartage s’inscrit dans une politique plus large de report modal et de décarbonation des transports. Un véhicule en autopartage remplace, en moyenne, plusieurs voitures personnelles, contribuant ainsi à réduire le nombre de véhicules en circulation et le besoin en places de stationnement en ville. Cette libération de l’espace public peut être réallouée à des modes de déplacement plus doux (pistes cyclables, zones piétonnes) ou à des espaces de vie (végétalisation).
Par ailleurs, le plan encourage fortement le déploiement de flottes électriques ou à très faibles émissions. L’objectif est que la majorité des 70 000 véhicules ciblés soient propres, accélérant ainsi la diffusion des technologies bas-carbone et améliorant la qualité de l’air. Cette électrification massive nécessitera un déploiement parallèle des bornes de recharge, potentiellement ouvertes aussi aux particuliers, renforçant ainsi l’ensemble du maillage territorial.
Défis et perspectives pour 2031
Le chemin pour atteindre la cible fixée est semé d’embûches. Le principal défi reste celui de l’équilibre économique pour les opérateurs, dans un secteur où la rentabilité est parfois difficile à atteindre. La coopération entre acteurs publics et privés sera déterminante. La question de l’acceptabilité sociale et du changement des habitudes de déplacement est également cruciale. Convaincre les automobilistes de renoncer à leur véhicule personnel au profit d’un service partagé demande un effort pédagogique et une offre de service irréprochable en termes de fiabilité et de simplicité.
Si ces défis sont relevés, la France pourrait se positionner en leader européen de la mobilité partagée. Un parc de 70 000 véhicules en autopartage représenterait une transformation significative de notre paysage urbain et de nos pratiques de mobilité, faisant de la voiture un service utilitaire parmi d’autres, plutôt qu’un bien de possession. Cette évolution est perçue comme une étape indispensable pour construire des villes plus respirables, moins encombrées et plus agréables à vivre, tout en répondant aux impératifs climatiques.