J’ai testé le FSD de Tesla à Strasbourg
Après vingt ans dans la presse technologique et trois ans passés au volant d’une Tesla, un rêve d’enfance est enfin devenu réalité : tester le système de conduite autonome complet, ou FSD (Full Self-Driving), dans les rues de Strasbourg. Cette expérience concrète permet de mesurer les progrès accomplis et la distance qui reste à parcourir vers une autonomie totale.

Une immersion dans le trafic strasbourgeois
Strasbourg, avec son centre-ville historique, ses rues étroites, ses tramways et son trafic dense, constitue un terrain d’essai exigeant et représentatif. Activer le FSD dans cet environnement n’est pas un acte anodin. Le système prend en charge la direction, l’accélération et le freinage, promettant de gérer les intersections, les ronds-points, les changements de voie et même les feux tricolores.
Les premières minutes sont empreintes d’une méfiance naturelle. La voiture analyse son environnement en temps réel, affichant sur l’écran central la modélisation des véhicules, des piétons, des cyclistes et de la signalisation. La précision de cette visualisation est immédiatement frappante et contribue à instaurer un début de confiance.
Les forces du système FSD en milieu urbain
Le système excelle dans plusieurs situations complexes. La gestion des feux de signalisation et des stops est particulièrement impressionnante. La Tesla s’arrête parfaitement à la ligne, attend son tour avec patience et redémarre de manière fluide. Dans les rues à sens unique ou les zones à faible trafic, la conduite est souvent si naturelle qu’on en oublie presque que c’est la machine qui commande.
Les changements de voie pour suivre l’itinéraire sont généralement annoncés et exécutés avec une certaine assurance. Le système semble également bien appréhender la présence des rails du tramway et adapter sa trajectoire en conséquence, un point crucial dans une ville comme Strasbourg.
Les limites et les moments de vigilance
L’expérience n’est pas exempte de moments de tension qui rappellent que le conducteur doit rester supervisant actif. Certaines situations ambiguës, comme un véhicule mal garé empiétant sur la voie, ou un piéton hésitant au bord du trottoir, peuvent générer des réactions un peu brusques ou des hésitations de la part du système.
Les ronds-points très fréquentés, typiques de la circulation française, représentent un défi de taille. Le FSD peut parfois montrer une prudence excessive, peinant à s’insérer dans un flux dense, ce qui nécessite une reprise manuelle pour fluidifier la circulation. La lecture de certains panneaux temporaires ou de marquages au sol effacés peut également poser problème.
Le sentiment général : entre fascination et réalisme
Au terme de ce parcours, le sentiment dominant est celui d’une technologie fascinante et profondément transformative, mais encore en apprentissage. Le FSD de Tesla n’est pas un système de conduite autonome de niveau 5 où l’attention du conducteur serait superflue. C’est un assistant de conduite d’un niveau de sophistication inédit, capable de gérer une grande partie du trajet, mais exigeant une surveillance constante.
L’impression est que l’infrastructure logicielle et matérielle est largement présente. Les caméras perçoivent l’environnement avec une grande finesse, et le logiciel prend des décisions complexes. C’est la finesse d’analyse contextuelle, la capacité à anticiper les intentions imprévisibles des autres usagers et à gérer toutes les exceptions du monde réel qui demandent encore du perfectionnement.
Cette expérience strasbourgeoise démontre que la conduite autonome « pour de vrai » n’est plus un concept de salon. Elle est là, opérationnelle dans nos rues, réalisant des prouesses qui semblaient de la science-fiction il y a dix ans. Elle rappelle aussi que le chemin vers une autonomie totale et fiable à 100% est une marathon, pas un sprint. Chaque kilomètre parcouru en FSD enrichit la base de données et affine les algorithmes, rapprochant un peu plus ce futur inéluctable.